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Boucle d’effets et ampli vintage

Written by it11audio on . Posted in amp, blog

Hello back, ami lecteur !

Dans ce petit billet, je vais expliquer pourquoi je demeure très circonspect quand on me demande d’installer une boucle d’effet dans un ampli vintage (ou d’esprit vintage).

Attention :

  • Ca peut fonctionner très correctement, mais certaines contraintes seront inévitables,
  • C’est un article de vulgarisation, je vais simplifier pas mal,
  • C’est ma position, il est très honorable d’avoir un avis contraire !

Un ampli, ca sert a quoi ?

A accepter en entrée les quelques dizaines de millivolts (ou centaines de mV pour les micros puissants) et à fournir de la puissance afin de faire se mouvoir le ou les haut-parleurs connectés à l’ampli.
De la puissance, c’est : des Volts (tension) multipliés par des Ampères (courant). Pour une puissance de 30W sur un HP de 8Ω, par exemple, il faut 15,5V et près de 2A. Autant dire qu’il y a du boulot pour porter notre signal guitare de quelques mV (et quelques pouillièmes de pouillièmes de mA voire μA) à ces niveaux.

Comment on fait ça ? Prenons l’exemple d’un ampli à lampe Push Pull (2 tubes en sortie, qui, pour simplifier à l’extrême, travaillent chacun leur tour). Voici son synoptique :

Synoptique Ampli

On parle couramment “d’ampli”, mais dans la boîte, il y a un préampli (qui élève la tension) suivi d’un ampli qui fournit la puissance (tension ET courant).

Sur ce petit schéma de principe, on trouve (1) une entrée pour brancher sa guitare (souvenez-vous : quelques dizaines / centaines de mV), suivie d’un (ou plusieurs) étages d’amplification de tension, à l’issu duquel ou desquels notre signal aura une amplitude de quelques volts à quelques dizaines de volts, suivi le plus souvent d’un correcteur de tonalité (bass, treble …) – A noter que ce correcteur de tonalité atténue certaines fréquences (selon les réglages) et que le signal s’en trouve affaibli. A noter également qu’à ce niveau, on a des volts (quelques dizaines), mais toujours des pouillièmes d’ampère : peu de courant, puissance ridicule. Bref, tout ça, c’est le préampli.

Passons à la partie ampli de puissance (2). Nous avons une architecture de 2 tubes de puissance en push pull : un tube va amplifier (tension ET courant, cette fois, donc puissance) la partie supérieure du signal (on parle d’une demi-alternance), le deuxième tube va amplifier la partie inférieure du signal, le transformateur de sortie va sommer les 2 demi-alternances et fournir un signal ad-hoc pour le haut parleur. Vous noterez que cette partie “ampli” commence par un bidule appelé “Phase Inverter” (PI) : ce dernier possède 2 sorties, une par tube de puissance et fournit d’un côté un signal en phase, de l’autre côté un signal déphasé de 180° . Si vous ne comprenez pas bien tout à ce niveau, ce n’est pas très grave, je vais parler bientôt de la fameuse boucle d’effet.

A quoi sert une boucle d’effet ?

Beaucoup des musiciens préfèrent appliquer des traitements de type reverb, delay, modulation (chorus, flanger etc.) après un traitement de type saturation. Il est vrai que saturer un signal qui est déjà passé à travers reverb, chorus etc. peut se traduire par une certaine bouillie sonore (parfois recherchée, why not ?)

En considérant que sur beaucoup d’amplis actuels, la saturation est apportée au niveau du préampli, l’idée est donc de placer une boucle d’effet en sortie de préampli, juste avant l’amplification (en (2) sur le schéma, juste avant le PI). On aura ainsi un signal guitare saturé par des pédales en amont du préampli ou via le préampli lui-même (voire les deux) et ce signal sera ensuite traité par reverb ou delay ou … avant d’être amplifié et transmis au HP.

Certes !

Le problème est que ce qui sature en premier, sur pas mal d’amplis vintage de légende, c’est l’étage de puissance : le plus souvent  le PI, voire les tubes de puissance (à ce stade, on n’a plus d’oreilles, ou alors il faut des protections ou un atténuateur).

Marshall Superlead

Prenons un bon vieux Marshall sans master volume (ça ne nous rajeunit pas). Injectons un signal sinusoïdal en entrée (quelques dizaines de mV) et observons ce signal en (2), juste avant la partie amplification (le PI) et en (3), en sortie de PI (ce qui va être amplifié par les tubes de puissance) :

A0000DS

En jaune, c’est notre belle sinusoïde avant le PI, en bleu c’est le signal après le PI : on voit qu’en sortie de préampli (jaune), notre signal n’est pas saturé, alors qu’il l’est en sortie du PI (le signal bleu est devenu assez “carré”, typique d’une saturation)

Si j’installe une boucle en (2), la saturation interviendra après le traitement par les effets (reverb, chorus …) branchés dans la boucle, donc j’ai tout faux. Je ne peux pas installer la boucle plus loin : d’une part où l’installer : en (3) ou (3′) ?, d’autre part les niveaux de tension à cet endroit (quelques dizaines de volts) satureraient totalement les effets qui partiraient en fumée !

Mon beau crunch AC/DC provient de la saturation du PI ! Si j’installe une boucle, adieu ma quête du son rock’n’roll british !

Fender Tweed Deluxe

Voici un deuxième exemple. Son petit nom à lui, c’est 5E3 (le numéro de schéma chez Fender) !

J’injecte un signal (jaune) sinusoïdal d’amplitude modérée (pas fort, quoi 😉 ) et j’observe la sortie du PI (en bleu) : une jolie sinusoïde également :

NoSaturationPI

Si j’augmente l’amplitude du signal en entrée (le jaune), je vois que le PI commence à saturer (en bleu) :

SaturationPI

Ce phénomène est bien visible sur la petite animation suivante (malheureusement un peu trop rapide) : j’augmente l’amplitude du signal, le premier étage à saturer sur mon 5E3 est le PI, donc la partie amplification :

Dans ce cas également, l’éventuel ajout d’une boucle conduirait à un résultat décevant.

En conclusion :

Une boucle d’effet, c’est sympa, mais cela s’adresse en priorité :

  • A tout ampli si la saturation provient de pédales placées en amont de l’ampli,
  • Aux amplis dont la saturation provient de leur étage de préamplification en priorité, plutôt qu’à leur étage d’amplification à proprement parler (chez Marshall, cela commence avec les “Master Model Lead”, i.e. les 2204 et 2203 du milieu des années ’70s)

Tiens, au fait, vous savez comment on peut bénéficier de la chouette saturation d’un Superlead sans se griller définitivement les oreilles ? En installant un Master volume, bien sûr, mais pas n’importe où : après le PI ! Mais c’est une autre histoire que je vous compterai un autre jour 😉

 

P1050987

 😉

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Comments (2)

  • Raf

    |

    J’ai vraiment aimé lire cet article, merci c’est bien décrit écrit et cette vulgarisation donne une méthode pour chercher si oui ou non je gagnerai à le faire sur le mien, encore faut il que je sache tester et mesurer mais ce n’est pas le cas…
    Sauriez vous si sur un Fender vaporizer les saturations viennent du Preamp ou de Pi ?
    Pour moi non mais je ne saurai pas meme avec un schéma non plus
    Les dires sur ce modèle disent que le switch Vaporizer permet de schunter tous les potentiomètres et à donf
    L’intérêt la par contre a avoir un master je vais chercher sur votre site
    Ce qui laisse penser que pi sature puisque la différence de taille entre tout à fond canal “1 et 2”
    Si vous avez une piste à explorer je suis super intéressé
    Merci

    Reply

    • it11audio

      |

      Je n’ai jamais eu de “Vaporizer” sur l’établi … de ce que je vois sur le schéma, l’essentiel du préamp est à base de circuits intégrés + une lampe (ce n’est aucunement une critique).
      Il faudrait tenter un master volume post-PI et voir ce que ça donne, avec le bémol de la difficulté à intégrer ce master volume car le Vaporizer est construit sur PCB, donc un temps assez long pour démonter le circuit imprimé, insérer le master volume (en espérant qu’il y a la place sur la façade ou ailleurs pour placer le potentiomètre) et tout remonter 😉

      Reply

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